You Lose!

Paris : la Tour Eiffel, les champs Elysées, le PSG, le bois de Boulogne, le metro pourrave, les joggings dans les chaussettes, les poseurs, les internet warriors, Pigalle, les filles faciles, la bouffe chinoise et You Lose! J'ai fait cette interview au cul du camion courant octobre 2008 à la suite de la sortie de All in, lors de leur concert à Caen avec Get Lost et Pain Society ; l'ambiance, l'Embuscade et les smiles étaient au rendez-vous. Ils ont depuis effectué un tournée européenne et travaillent maintenant sur de nouvelles compos.

Ca fait un moment que vous faites de la musique, quels sont vos anciens projets ou présents en dehors de You Lose! ?

Pierre : Je dirige avec Adrien un cabaret de strip tease à Pigale bien connu ça s’appelle le “Pink Martini”, on recrute dans toute l’Europe de l’est. Sinon à la base je suis rennais, j’ai eu pas mal de projet là bas, plus metalcore à la Narziss, Absidia, puis je suis parti à l’étranger pendant un an et à mon retour je me suis établi à Paris. Là j’ai joué dans Providence, Whourkr, A Man In Gaia, Down By Prejudice (2 shows), Metallica, et un nombre incalculable de projets avortés après 5 répétitions…

Alexandre : J’ai joué dans UZMP et Down By Prejudice avant de finir ma carrière de métaleux dans YL!

Doom : J’ai joué, en tant que bassiste, dans un groupe nommé Sitrik (métal/hardcore/bière) qui faisait parti à l’époque d’un collectif qui s’appelait le 78 KTO regroupant plusieurs styles de musiques. Quelques mois après, j’ai fait parti d’un autre groupe avec des gens de l’ancienne formation qui s’appelait Licensing Hour (hardcore/bière aussi).

Pierre : Ouais Sitrik c’était trop acide comme groupe… (pardon). Romain et Adrien ont écumé des scènes diverses avant de se lancer dans le hardcore. Il était temps qu’ils se mettent à faire de la musique de vrais mecs.

On peut dire qu’il y a eu deux périodes avec You Lose! ?

Pierre : Il y a eu effectivement deux périodes avec You Lose! qui coïncident avec notre changement de chanteur. On a démarré avec Benoit au chant et il est parti du groupe après notre premier enregistrement en février. On a galéré entre temps pour retrouver quelqu’un au mic et quand on a trouvé Doom on a ré-enregistrer l’intégralité du chant.

Adrien : Ca fait un an qu’on est formé et Doom est arrivé 6 mois après. Avant You Lose! on avait tous essayé de monter d’autres projets musicaux avec d’autres gars de Paris mais rien n’avait abouti.

Pierre : Haha c’est marrant, genre les mecs ça fait une petite année qu’ils sont formés et on parle déjà de “période”. On pourrait même dire qu’il y en a 3, compte tenu du fait que je suis arrivé dans le groupe un peu après sa création et qu’Alex avait déjà quelques morceaux de composés. En fait le groupe a évolué dans son organisation comme dans sa production sonore avec l’ajout de nouveaux membres, c’est assez normal finalement…

Lorsque vous avez formé You Lose!, vous avez directement joué un hardcore influencé par Allegiance, Down To Nothing ?

Adrien : A la base on voulait monter un groupe avec Benoit et Romain dans le style de Champion. L’idée a évoluée entre temps, il n’y a pas vraiment eu de style imposé mais on voulait jouer un hardcore dans la lignée des Allegiance, Down To Nothing, Guns Up.

Alexandre : Avec quelques parties à la Bracewar.

Adrien : On a tous plus ou moins les mêmes goûts musicaux et on arrive à se coordonner sur le même style sans forcement en parler.

Pierre : On a tous des influences diverses, mais on s’est entendu sur un cahier des chartes pour ne pas faire tout et n’importe quoi, il y avait dès le départ une réelle aspiration vers un hardcore moderne sans être mélo, un truc dansant et vénère.

Doom : Disons que les bases étaient déjà là ! Je ne connaissais pas beaucoup ces groupes comme Allegiance, DTN et des groupes de la même vague. Mes influences viennent en partie du métal, du punk et des prémices du hardcore US. Mais je tiens à dire que Masterboy, Real 2 Real, Ice MC et les Beatles m’ont beaucoup inspiré.

Pierre : Mince, moi aussi ! Sans oublier 2 Unlimited, Dr Alban et Cradle Of Filth.

Alexandre : Il y a un truc sur lequel on est fermé dans You Lose! c’est la double pédale. On s’est dit jamais de double dans You Lose! Personne ne veut faire du xBishopx, même si on a failli jouer avec eux pour une tournée en Europe.

Vous avez déjà une tournée de programmé d’ailleurs ?

Alexandre : Ouais on va faire la tournée des bars tout à l’heure.

Pierre : On est en train de booker une tournée de 17 dates en février à travers l’Europe. On espère pouvoir tout booker comme il faut pour ensuite pouvoir faire une autre tournée de 5 dates en Angleterre courant avril. Pour l’instant tout est en discussion, c’est le hardcore, on ne sait jamais si ca va se faire ou pas.

Alexandre : L’Angleterre semble plus facile à chopper que la tournée européenne.

Adrien : On est en train de se décider avec qui on va tourner pour l’Angleterre. Pour le moment ça serait plutôt avec Hang The Bastard et peut-être Broken Teeth.

Pierre : Vu la tournure des événements, on pense plus tourner à l’étranger qu’en France …

Vous avez du mal à trouvez des groupes avec qui tourner en France ?

Pierre : C’est pas tant les groupes que les orgas voulant nous faire jouer mais apparemment c’est le cas pour beaucoup d’autres groupes en ce moment donc j’essaye d’éviter d’être trop pessimiste.

Alexandre : Tout le monde semble de plus en plus apprécier le old school mais le beatdown c’est ce qui marche le mieux encore aujourd’hui.

Pierre : Ce n’est pas qu’on fait tache dans le paysage français/européen mais il y a une vraie tradition du beatdown depuis 3-4 ans. Partout dans le monde le old school/moderne se porte bien, y’a qu’à voir l’affiche des derniers festivals pour s’en rendre compte. En France il y a très peu de groupes qui nous ressemblent donc du coup on galère un peu. Est ce qu’il y a ici un public pour ce genre de son ?

Adrien : Ce public va peut être se développer d’ici 1 ou 2 ans. Il y a déjà un public en France pour les groupes américains dans ce style. Dans ce pays on est plus ou moins fermé ; on prend courant musical par courant musical. Là on rentre sur un terrain qui n’est pas encore exploré donc ca met plus de temps à se développer pour nous.

Pierre : Ouais, 25 personnes pour Kingdom et Anchor à paris c’est pas très glorieux quand même…

xNI.AMORx : En France on s’y met petit à petit, on peut commencer à citer Golden District de Nantes et Forget Your Fears de Lille pour être avec You lose! les groupes français qui commencent a s’essayer au style.

Doom : Je ne suis pas du tout pessimiste sur la manière dont les choses vont se dérouler au niveau de la scène, il faut juste laisser le temps.

Qui écrit les paroles dans You Lose! et de quoi traitent-elles en général ?

xNI.AMORx : En fait dans You Lose! c’est moi qui fait tout, les autres ils ferment leur gueule.

Doom : Quand je suis arrivé dans le groupe, les paroles de la démo étaient déjà écrites par Pierre.

Pierre : Effectivement, avec le changement de chanteur est venu aussi l’obligation de reprendre tout à zéro (ou presque) avec les lyrics et les placements. Ca nous a semblé être la solution la plus juste, donc pendant qu’on cherchait un nouveau frontman j’ai proposé des idées de lyrics et celles qui ont plu à tous ont été retravaillé jusqu’à ce qu’elles reflètent une ambiance collant aux morceaux. Après ces lyrics parlent beaucoup d’une période de ma vie mais on les a tourné pour qu’elles aient plus un sens universel. Aujourd’hui on bosse à deux en amont avec Doom et ensuite tout le monde valide.

Comment vous vous y prenez ? Il y a des sujets sur lesquels vous vous concentrez plus que d’autres ?

Alexandre : Je m’occupe pas vraiment des lyrics, mais j’attache de l’importance à leur musicalité et à l’esprit d’ensemble. Elles me comblent aujourd’hui car le résultat est le fruit d’une écoute commune.

Doom : C’est un peu les mêmes sujets qui ressortent comme dit Pierre, ce sont certaines périodes de la vie qui nous ont marqué, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, de la manière de percevoir tel ou tel événement. Les paroles parlent aussi des amis et de la famille qui restent toujours là malgré les difficultés. Même si cela peut paraître cliché pour certains, nous disons ce que nous pensons. Si j’ai envie, un jour, de parler des fromages de chèvres ou de ma famille dans le Loir-et-Cher je composerai de la slow country.

Pierre : En prenant un peu de distance je dirais que les textes sont en équilibre entre les deux pôles classiques du hardcore : les démons personnels et la politique. En ce qui concerne la politique, il y a deux sujets particuliers qui retiennent mon attention, l’écologie et la misère humaine et animale. Du côté des démons, on a tous vécu des périodes de nos vies franchement pourries, et les sujets que l’on traite sont très communs. Ca va de la perte d’êtres chers à la trahison, des différences de réalités entre les populations d’une même ville, la sensation de ne rien maitriser dans sa vie etc.

Alexandre : Et le piratage informatique… c’est l’enfer…

Ok, donc des sujets pas vraiment posi… en rapport avec le nom du groupe ?

Pierre : Je n’étais pas là lors du choix du nom du groupe, après en ce qui concerne sa signification je dirais que ça symbolise une forme de pessimisme, on pourrait se branler pendant des heures à essayer d’interpréter ce genre de truc non ?

Au niveau promo, j’ai vu que vous aviez eu pas mal de passages radio, vous utilisez beaucoup internet pour votre com, un avis sur l’utilité du net aujourd’hui ?

Pierre : Internet a ses points positifs comme ses points négatifs. Il y a 15 ans la promotion se faisait autrement, on n’avait pas Internet, du coup tu passais plus de temps à aller poser des affiches dans les commerces et à distribuer des flys. Je ne pense pas qu’Internet permettent de ramener plus de monde aux concerts. L’intérêt pour nous c’est de pouvoir diffuser nos morceaux gratuitement et à qui veut les entendre.

Adrien : Ca nous offre aussi une visibilité à l’étranger et nous donne de nouvelles opportunités. On n’aurait pas autant de chroniques et d’écoutes sans Internet et MySpace. Mais il ne faut pas non plus se dire qu’Internet est le seul moyen pour un groupe de se faire connaitre. Le mieux ca reste quand même les concerts. Il y a aussi l’envoi de cd aux fanzines, radios…

Pierre : Oui. Beaucoup de groupes aujourd’hui estiment qu’il suffit d’avoir quelques bulletins et des images sur internet pour avoir une communication décente. Sur ce point, je crois vraiment que rien n’a changé, il faut faire l’effort d’envoyer du dur (cd, presskit, etc.) aux radios, labels et fanzines. A partir du moment où il y a un échange de bon procédé il y a toujours plus de retour. Qui veut se bouger pour un groupe quand tu ne reçois que du mp3 ? Pas moi en tout cas.

Doom : Il y a aussi un manque de sincérité dans la scène maintenant à cause du net, ca en devient presque un polluant de la communication car beaucoup de discussions ont lieu exclusivement sur le net, alors que la majeur partie des choses devraient se dire en face. On voit des guerres sur le net qui se créent avec des gens anonymes qu’on ne connait pas. Par ailleurs le net a aussi son avantage sur la rapidité de transmission d’information par exemple pour un concert ou une soirée. On peut donner son avis sans avoir la nécessité d’envoyer un mec à cheval parcourir 350 km sous la pluie avec un télégramme.

Pierre : Les gens ne disent plus les choses en face. En tant que musiciens après les concerts, personne ne vient nous voir pour nous dire si c’était bien ou pas mais après sur le net on va avoir des réactions super violentes. Ca me paraît tellement surréaliste mais c’est la norme aujourd’hui. Je ne fais pas le procès des critiques, au contraire, mais le fait de pouvoir s’exprimer sur des personnes camouflé derrière un pseudo amène des comportements et des mots injustes souvent blessants.

Alexandre : Pour conclure sur le débat interminable du net, notre préoccupation principale est musicale et humaine. Tout se passe sur scène et pas sur Internet.

Quel sera la prochaine étape pour You Lose! ? L’enregistrement d’un split ou d’un album ?

Pierre : On a prévu de faire un album. On était parti sur un split au départ mais on ne va pas pouvoir débourser les thunes pour les deux donc on a préféré se concentrer sur un album.

Adrien : C’est aussi une question stratégique car on voulait faire un split pour la tournée mais on aurait jamais eu le temps de trouver un groupe, de sortir le split sur un label, de l’enregistrer, etc. On avait le choix entre faire un split et de ne pas pouvoir faire autres choses derrière pendant un moment ou faire un album. On pourrait faire l’album dans trois ans mais on se décide à le faire maintenant. On se sent capable de le faire. Certains diront peut être que ça va vite. Ca ne fait qu’un an qu’on est formé et notre MCD est sorti il y a peu de temps car sa sortie a été repoussée. Si bien que là on va sortir un album peu de temps après le MCD. Ca peut paraitre précipité mais les circonstances ont voulu qu’on fasse l’album maintenant. On fera ça avec les moyens et les projets qui vont avec, ça va être quelque chose de beaucoup plus gros qui ne restera pas que dans les caves…

Pierre : On ne brule pas les étapes mais on se donne les moyens de faire un maximum de choses. Quand on fait un groupe on n’a pas forcement d’objectifs définis. Dans notre cas on essaie de faire le maximum dont on est capable. Là on essaie de faire une tournée de 17 dates et ca fait à peine un an qu’on sera formé pour cette tournée…

Alexandre : C’est parce qu’on a la chance d’avoir un line-up solide et un objectif clair et partagé.

Pierre : Ca implique aussi une organisation interne bien solide, claire et fonctionnelle.

Adrien : Il est aussi question de se donner les moyens de faire les choses. Si on se donne les moyens on arrivera à faire quelque chose. Je ne dis pas que tout va réussir mais si on s’en donne les moyens et si on a un projet commun on avancera plus facilement ensemble. Avancer vers des buts communs avec des envies communes ça nous booste. Si on a tous envie de faire quelque chose on le fait. Si on est tous d’accord ca va nous donner l’énergie pour le faire. Ce côté là rentre beaucoup en compte. S’il n’y a que deux personnes dans le groupe à vouloir faire quelque chose on laisse tomber. On décide tous ensemble, on partage tout.

Alexandre : Même les gonzesses.

Pierre : On essaie de fonctionner de manière démocratique. Par exemple si Alex pécho plus qu’un autre, il partage.

Adrien : Donc on a beaucoup de projets qui se mettent en place et qui arriveront l’année prochaine.

Pierre : 2009 sera une grosse année pour You Lose!

Alexandre : Mais comme on a un groupe de old school, faut qu’on splitte dans pas longtemps !

Pierre : Split en 2009 puis réunion show en 2010-2011 quand on aura assez d’argent pour faire du merch !

Doom : Et puis la fin du monde en 2012 sera un bon coup marketing pour relancer nos carrières.

Vous avez d’autres projets individuellement ?

Pierre : Je suis en train de monter un projet de folk en solo avec une guitare sèche et un harmonica qui s’appelle The Black Bones. C’est un truc qui me tient à cœur depuis longtemps, mais vraiment pour me faire plaisir, rien d’ambitieux. Romain continue de jouer dans Providence, mais je crois qu’en terme de projet « hardcore » on s’implique uniquement dans YL!, c’est surement la raison pour laquelle ça avance assez vite, personne ne s’éparpille.

Un big up ou des remmerciements ?

Pierre : Tout d’abord merci à toi mon Simon, longue vie à ton zine, longue vie au MCS crew. Jesus loves you !

Alexandre : Longue vie à l’embuscade !

Doom : Merci aux organisateurs, aux cocktails déjantés et à l’accueil chaleureux. A très bientôt !

xNI.AMORx : Merci au CHU, MCS crew et à Simon pour la bonne ambiance à Caen de ce soir.

Adrien : Merci à tout le monde.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire